Poésie
Ainsi dieu silence
Insidieux silence qui dans les vieux adages se voit tissé de fibres d’or, on te disait plus précieux que les voix des âmes projetées hors des corps. Ton écoute légendaire a porté son aura jusqu’au seuil des portes des temps présents. Sous tes pas, dans ce maintenant, tout un chacun te déroule un tapis de louanges. Tes habits créés à même les fleurs les plus belles du monde, la rose, la marguerite, le pois de senteur pour chaque silence empli de compassion et d’amour; cache tes revers, les silences noirs, de peurs, et d’angoisses.
Hommes et femmes te gardent près d’eux, te serrent dans leurs bras, te chérissent et t’embrassent. Tu es le glaive qui pousse vers demain les obstacles à affronter aujourd’hui. Tu es la forteresse qui repousse les tumultes du changement à jamais. Tu deviens dans ces jardins humains une arme terrible qui sème sur son passage stagnation, incompréhension, abandon et doute. Tu ensevelis, vivant l’être, le vrai, le soi. Une partie, un morceau, quelquefois le tout de l’homme se meut, mort.
Oubli
Filet de vide et d’absence
Labyrinthe informe empli de replis
Peurs entre l’enfance et l’adolescence
Entrelacés les fibres de l’oubli
Souvenirs enfumés, cachés, enfouis
Filet noir entremêlé troué et vieilli.
Égraine dans mon cœur affamé les vérités
Perles écrasées, brisées d'un passé heurté
Creux, trou, perte, casse-tête insoluble,
Tête coupée, vidée et rangée dans l’ombre
Femme remue, verte dans la vase sombre
Se hisse hors une fragile nuée de fables
Apeurée des dangers d’un futur détricoté
Vérités trichées apaisent pour un temps compté
L’aspiration des souvenirs ressurgissant
L`oubli oublie tout même le temps passant
La Rose
La douleur des épines de la rose dans mes chairs, n’a d’égale que la beauté de sa robe, trempée dans le sang de mes peines.
Calice
Au calice blanc du lys, ton corps baigne
Musque et odeurs suaves imprègnent
Ho! Calice blanc, réceptacle d’or
Source de jouvence
Laisse-moi renaître de mes cendres
Au creux de tes hanches
JM Marion & Jenny Ouellet
Entre deux
Regarder,
Approcher,
Toucher,
Sentir,
Ressentir,
Parcourir,
Bâtir,
Amour.
Décevoir,
Critiquer,
Pleurer,
Sentir,
Ressentir,
Survivre,
Briser,
Amour
Recommencer
Oubli
Soleil brille aujourd’hui sur les ondes
Lumière entre et réchauffe les cœurs
Particules d’or flottent en cette heure
Glissent du ciel clair les pétales de fleurs
Odeurs éparses et suaves inondent
Jaune, rouge, blanc, noir éclatent les couleurs
Dérangeantes différences sur la peau
Qui! Transi de peur mute en un lourd fardeau
Qui! Multiplie les discours sonnant faux
Main touche, calme, éteint les bruits du parleur
Soleil brille demain dans la clairière
Vent chaud caresse et endort tous les enfants
Feuilles vertes dansent aux visages pensants
Sagesse entre dans la sève et le sang
Demain, tout, rien deviendront lumière
Chartre
Une prison au fond de l’abysse de mon antre
En cette chartre, gît latente, la jalousie
Immobile, silencieuse, assommée, on l’oublie
Un doux, pâle visage dans ma tête entre
Dans un tourbillon, éveille la chimère des fonts
Torrent puissant remonte vers l’asile du cœur épris
En cette âme toquée, doutes et envies grandissent
De ma bouche astreinte s’échappent braises et tisons
À l’aide ! Raison étouffe ce pesant despote !
Contrôleur incessant d’actions et d’émotions
De calme ruisseau, naît un raz de marée de passion
Menaces accourent de romances noyées de fausses notes
Chaos, déraison en ce corps assiégé règnent
Prolongent ce fléau, les liens d’amour fondent
Abats ! Repousse ! Jalousie au fond des ondes
Vite ! Amours cruels,se lacèrent et saignent
L’odeur infecte, puante de la mort transpire
Du fusil fou, feu brûlant, agoni empire
Fini, cœur tailladé, crevé, tué expire
Bouche enflée éraille ses derniers rires
Loup
Lumière bleue, froide de lune d’hiver
Éclaire le corps sombre du loup de verre
Veille que la nuit lourde ne brise l’armure
L’armure de cristal en un éternel murmure
Fasse que loup ne trépasse dans la peine
Que de sa bouche ne s’échappe la haine
Les mille et une pièces de son être
En un fracas, sur le sol, iront renaître
En une verdure tendre et fraîche
Qui un jour couvrira nos plaies de repentirs
Victimes, bourreaux, tous deux pourront rebâtir
Rêve
Rêve gardien d’espérance
Châtie le bourreau des souffrances
De tes très, très belles romances
Sauveur guide ma délivrance
Le temps emporte les heures,
Toi rêve, tu emportes les pleurs
Le poirier donne la poire
Toi rêve, tu donnes l’espoir
Cuirasse
Cœurs rouges, brûlants des feux ravageant d’enfer,
Chauffe, corps meurtri, bâti de boulon et de fer,
Résorbe gangue silicée impossible,
Votre cuirasse ancienne impassible,
Emprisonne le souffle vivant demeurant,
Enliser en son morne tombeau expirant,
Affligée, crucifiée, votre âme abandonne,
Je vous quitte libre, que Dieu me pardonne